Entretien avec Daniel Heilig

Peux-tu raconter un peu comment tu es devenu photographe ? Et parle-nous un peu de tes photos.

En photographie, je suis totalement autodidacte. Mon premier "appareil" était en réalité un iPhone 3Gs. À l’époque, j’adorais capturer de manière ludique mon quotidien et mes voyages ‒ c’était un plaisir spontané, sans nécessiter de connaissances techniques particulières.

À ce moment-là, la communauté photographique sur Instagram était très active, avec de nombreux défis et communautés autour de l’architecture, du voyage, de la street photography, des couleurs et du minimalisme. Cela m’a énormément aidé à comprendre les éléments fondamentaux d'une bonne photo et à développer mon propre style.

Avec le temps, j’ai compris que la photographie était pour moi un moyen exceptionnel d'exprimer ma créativité, mais aussi un outil précieux pour mieux me comprendre.

Parle nous un peu de tes images. Quel sont tes intérêts ? Comment choisis-tu les couleurs, la composition, les thèmes, etc.

Photo : Daniel Heilig - L'ArtBox marron en aulne reprend harmonieusement l'univers chromatique du motif. Associée au tirage photo sur alu Dibond, elle donne un aspect moderne et naturel.

Oh, il y a tellement d’éléments qui entrent en jeu ! Je suis avant tout animé par une curiosité permanente pour la découverte. J'ai aussi du mal à me ranger dans une catégorie précise ‒ même si je documente beaucoup mes voyages, je ne me définirais pas comme un photographe de voyage. Je suis bien trop changeant pour cela ; j’ai besoin de variété et de liberté créative, ce qui donne naissance, je crois, à un style visuel à la fois éclectique et captivant.

J’ai une profonde attirance pour la beauté esthétique : des couleurs harmonieuses, la simplicité, un langage visuel clair à travers des compositions intelligentes, des lignes, des proportions, des formes, etc. D'un autre côté, je me considère comme un "photographe discret" ‒ avec mon iPhone, je peux capturer des moments du quotidien de manière authentique, souvent sans être remarqué.

J’observe donc mon environnement, je me fixe des « repères visuels » correspondant à mes besoins esthétiques, puis j'essaie de saisir des instants fugitifs ou aléatoires. C’est un processus très dynamique qui donne naissance à des scènes parfois abstraites ou surréalistes ‒ certaines ressemblant à des peintures, d’autres à des rendus numériques.

Que souhaites-tu susciter chez le spectateur avec ton projet ?

Photo : Daniel Heilig - Produit en tant qu'impression pigmentaire Fine Art, le motif devient un objet de design extravagant grâce à l'ArtBox doré en aluminium.

Je pense qu’aujourd’hui, nous vivons dans une époque d’abondance extrême ‒ et cela touche aussi la photographie. Nous sommes saturés de stimuli visuels ; par exemple, nous avons tous vu la Tour Eiffel des dizaines de fois sur nos réseaux sociaux, non ?

Je ne critique pas cela, car explorer et découvrir le monde est quelque chose d’extraordinairement enrichissant et un véritable privilège. Cependant, mon ambition à travers mes images est d’adopter un angle ou une perspective différente, afin de créer une atmosphère visuelle nouvelle.

Je suis heureux lorsque j’arrive à inspirer les spectateurs à voir le monde avec un regard neuf.

Qu’est-ce qui t’inspire en général, et qu’est-ce qui t’a inspiré pour cette série en particulier ?

L’inspiration est en perpétuelle évolution. Il y a quelques années, mes photos étaient très axées sur mes voyages. Je voulais capturer l’immensité, l’exotisme et le lointain. Mais au fil du temps, je me suis lassé de ce style, et je pense qu’une certaine pause créative m’a permis d’accepter cette transition. Aujourd'hui, je m’intéresse davantage aux petites merveilles du quotidien, aux instants banals. Il n’est pas nécessaire de voyager loin pour capturer des moments intéressants, et c’est un vrai plaisir pour moi de montrer à quel point notre quotidien est rempli d’humour et de beauté.

Où trouves-tu ton inspiration ?

Photo : Daniel Heilig - Le cadre Oslo, dans la variante de couleur érable blanc, établit une limite claire avec le motif nocturne et attire le regard sur la composition raffinée. Le plexi brillant ajoute de la profondeur à la photo.

Un peu partout! Étant aussi musicien et designer, je bénéficie d’une inspiration interdisciplinaire. C’est à la fois très stimulant et parfois un peu écrasant. Beaucoup de choses se passent de manière inconsciente et avec un certain décalage dans le temps. Je trouve que l’inspiration et la créativité ont quelque chose de cosmique ‒ difficilement contrôlable. J'ai appris à me libérer de toute attente rigide.

Au final, il s'agit de découvrir et de faire évoluer son propre style. Par exemple, je m'inspire beaucoup de la composition d'images dans les films. Récemment, j’ai vu le drame Sing Sing, tourné entièrement en pellicule 16 mm, et cela m’a donné envie de ressortir mon vieil appareil photo analogique Canon. Il existe aussi de nombreux magazines imprimés et en ligne que je trouve très avant-gardistes, qui repoussent constamment les frontières de la photographie contemporaine. Je m’imprègne de tout cela et je laisse à ma créativité le soin de filtrer ce qui résonne en moi.

Quels sont tes projets pour le reste de la journée ?

Aujourd’hui c’est dimanche ‒ généralement, je fais une promenade pour m’aérer l’esprit. Je me prépare également pour deux expositions qui auront lieu à la Milan Design Week début avril ‒ il me reste encore pas mal de travail à l’atelier !